Un dimanche matin à Atlas Park. Une journée radieuse. Le soleil de dix heures brille fièrement. Un couple finit sa promenade à l'Est du parc et s'apprête à regagner son appartement. En passant près d'un magasin à la devanture baissée, trois voyous sortent d'un passage sombre et les arrêtent en ricanant.
"Alors, les amoureux, on se promène sur notre territoire ? Vous savez qu'il va falloir acquitter le droit de passage ... Alors filez-nous vite votre argent et vos objets de valeur."
"Mais ... Nous n'avons rien sur nous, nous étions seulement sortis prendre l'air ... S'il vous plaît, laissez-nous passer."
"Tut tut tut, mon bon monsieur, vous imaginez bien qu'on nous la fait à chaque fois celle-là ! ça ne prend pas avec moi ! Allez, on déballe fissa ou les choses vont dégénérer !"
"A votre place, je déguerpirais fissa et sans me retourner, tant que vous avez encore des jambes pour vous porter", interrompit une voix de basse calme et menaçante, provenant de l'intérieur de la ruelle.
Les voyous se retournèrent comme frappés par un coup de fouet, et le jeune couple en profita pour reprendre à son compte le judicieux conseil qui venait d'être énoncé et filer "à l'anglaise".
Les voyous fixaient une brume sombre, qui paraissait presque vivante, au centre de laquelle se trouvait une forme plus consistante, probablement humaine... C'est ce qui les remotiva.
"Je ne sais pas qui tu es mais on va t'apprendre à te mêler de tes affaires, tu vas comprendre pourquoi on nous appelle les Hellions !"
"Ah ah ah ! Ce n'est pas un ramassis de brigands amateurs d'objets de Magie qui va intimider le Maître de Dark Astoria ! Fuyez, vous dis-je, ou il sera trop tard !"
"A l'attaque, mes frères !"
(Quelques heures plus tard, au commissariat local de la Police de Paragon):
"Inspecteur, les infirmiers du sanatorium viennent d'arriver !"
"Enfin ! Ce n'est pas trop tôt ! Je n'en pouvais plus de ces trois lascars !
Bonjour Messieurs, vos clients sont la dernière cellule (à voix basse) Ils rendaient nerveux nos autres "pensionnaires" alors on a dû les en séparer ."
"Merci Inspecteur, pouvez-vous nous indiquer le chemin ?"
"Oui, sûr, suivez-moi."
Les deux infirmiers et le policier descendirent au sous-sol, traversèrent un long couloir de circulation peu éclairé, puis obliquèrent dans un autre couloir beaucoup plus lumineux, jusqu'à une cellule capitonnée installée tout au bout, et près de laquelle on avait disposé deux projecteurs halogènes supplémentaires. L'éclairage était encore plus vif à cet endroit que dans le reste du couloir, et les yeux des infirmiers leur faisaient mal.
Semblant deviner leur interrogation, l'Inspecteur précéda leur question : "pourquoi cet éclairage ? Et bien ces trois gaillards semblent avoir une peur panique de l'obscurité, et c'est pour faire cesser leurs cris qu'on leur a installé ces projecteurs et qu'on laisse le couloir aussi violemment éclairé."
"Mais qu'est-ce qui a bien pu causer un tel choc émotionnel ?"
"Demandez-leur", répondit le policier en les désignant du pouce.
Deux des trois voyous regardaient dans le vide, le regard éteint. Le troisième répondit aux nouveaux arrivants d'une voix paniquée :
"Les yeux, les yeux, deux yeux dans la brume, tellement effrayants, tellement horribles ! Ils nous retrouveront partout ! Ils utilisent l'ombre pour se déplacer et ils savent où nous trouver. Il nous traque !
Par pitié, laissez-nous la lumière".